Mon avis sur CEI et Sumy

Publié le par Esmeralda, en SVE, en Ukraine

Je viens de recevoir un message d'une future volontaire SVE (Caroline) qui prépare un entretien et qui aimerait connaître mon avis sur l'association qui m'a accueillie en Ukraine ainsi que mon expérience sur place.

Pour rester politiquement correct, je n'avais pas voulu faire de grandes accusations sur ce blog. Cependant, je suis tellement choquée que la plainte déposé en collaboration avec mon association d'envoi contre CEI, en demandant au BIJ de retirer cette organisation du programme, n'ait pas été écoutée que je me vois dans l'obligation de parler ici et éviter à d'autres jeunes motivés une grande déception.

 

CEI regroupe tous les travers qui peuvent malheureusement se présenter dans ce type de programme de bénévolat, surtout dans les pays du sud ou de l'est.

Le personnel de cette organisation n'est pas mû par une idéologie altruiste mais par le besoin de se créer un emploi. Ce programme financé par la Commission Européenne est une véritable manne d'opportunités financières si on sait comment se jouer du système. Grâce à cette formule, les trois jeunes femmes qui composent cette pseudo-ONG ont pu s'assurer une vie plus confortable que celles des profeusseurs d'école avec qui elles travaillent (de visu et dixit ces mêmes professeurs). Sache aussi que j'ai appris sur place, le passé de CEI (qui a dû changer de nom car son ancien directeur était coupable de corruption et malversations...).

De cette constation découle la conséquence suivante, ta collaboration avec eux ne se déroulera bien que si:

1) tu acceptes de rencontrer des problèmes de visa et ainsi voir ta mobilité réduite car CEI te propose comme unique solution: "ne pas quitter le territoire Ukrainien pendant 12 mois! Sinon c'est toi qui est responsable si on t'arrête à la frontière" (oublie les voyages dans les pays avoisinants ou le retour en Belgique pour voir famille et amis) et ce malgré un visa de 12 mois à multiple-entrées qui a coûté l'UE environ 200EUR!

2) tu acceptes de "compléter" le budget (toujours trop petit selon eux alors qu'il correspond à 3 salaires sur place!) avec ton propre argent afin d'assurer tous tes besoins (normalement entièrement couverts par le programme).

3) tu fais exactement ce que l'on t'ordonne (même si ça n'a rien à voir avec l'accord d'activités initialement signé) et ne cherche pas à modifier quoi que ce soit (l'esprit d'initiative n'est bien accueilli que s'il ne remet rien en question et si tes idées d'activité n'entrent pas en conflit avec l'horaire qu'ils t'ont assigné - bref tu peux faire ce que tu veux sur ton "temps libre" alors qu'il ya un espace de 10 à 30% de ton horaire qui devrait être alloué à ton projet personnel).

4) tu es prête à ce qu'on t'annule ou te programme une activité à la dernière minute (avec préparation à la clé et toute une soirée sacrifiée), tu supportes les retards et autres problèmes d'organisation et tu t'en fiches de ne pas te sentir incluse dans un processus de décision, de préparation et qu'on te donne l'information au compte-goutte (même si ça t'empêche de bien faire les choses).

5) et très important: ne pas les déranger! Tu peux leur demander 1 fois, 2 fois de t'aider à règler des problèmes de plomberie ou autres (liés à l'état déplorable des infrastructures là-bas) ou de t'accompagner à l'hôpital ou au médecin, mais ensuite ils n'ont pas le temps pour toi (alors que c'est leur rôle). D'ailleurs, ils ne répondent pas toujours à tes appels et ne sont pas toujours au bureau, aucune transparence non plus par rapport aux voyages (je me suis une fois fait engueulée parce que j'avais osé les appeler en Pologne - elles n'avaient pas décroché, ça leur aurait trop coûté - comment pouvais-je le savoir qu'elles étaient en Pologne?)


Une personne qui n'a aucune expérience de volontariat, de comment tourne une organisation ou aucune idée du budget qui lui est alloué (voire un peu naïf ou content d'être en vacances - car tu peux mal faire ton boulot, ça, c'est pas grave! ne demande juste pas à faire autrechose que tu trouves plus intéressant ou utile pour tout le monde!) ne se rendra pas compte des problèmes et vivra heureux dans l'ignorance, car en contrepartie, les gens que j'ai rencontré sur place m'ont soutenue et accueillie du début à la fin, selon leurs moyens et ont largement adouci l'amertume de cette situation. Ce qui fait que je garde l'Ukraine et Sumy dans mon coeur et que j'aimerais retourner voir mes amis sur place.

J'ai récemment reçu une lettre de deux de mes élèves et j'ai souvent des messages email et sur facebook des gens rencontrés sur place. Le pays vaut la peine d'être visité et quand j'ai pu, je l'ai fait (même si le temps m'a manqué pour faire plus que la région est).

Un exemple concret de mon problème de visa a été 2 semaines entre Noël et Nouvel An sans passeport pendant que la commune décidait ou non de m'autoriser à rester. Mes vacances de Noël prévues en Roumanie, Serbie et Hongrie pour rendre visite à des amis sont entretemps tombées à l'eau. Mais une famille locale m'a invité à passer les fêtes (très traditionnelles là-bas) avec eux et j'en garde un beau souvenir, malgré l'angoisse vécue de ne pas savoir si j'allais être déportée le jour du Nouvel An (alors qu'il n'y avait aucun avion pour la Belgique, fallait-il sortir en urgence par la Pologne? Et une fois-là, qui m'accueillerait jusqu'au prochain vol vers Bruxelles? Selon CEI, je n'avais qu'à me trouver un hôtel...).

Pour plus de détail, je t'invite à me laisser ton adresse email et je t'enverrai les divers rapports, réunions à ce sujet.

Tu es libre de faire ton choix et si tu n'es pas exigeante et extrêmement patiente , fais ta vie à côté de CEI et tu vivras une belle expérience humaine, mais ne t'attends pas à apprendre grand-chose d'autre. Je peux aussi te mettre en contact avec des amis à Sumy car CEI ne prépare pas bien du tout ton arrivée (aucun draps dans la chambre quand je suis arrivée, dégeulasse et rien pour nettoyer, pas de chauffage, d'internet, etc.) et comme rares sont ceux qui parlent anglais sur place, tu te retrouves vite perdue. J'ai été sauvée par une bénévole qui est venue me chercher à l'aéroport et m'a aidée mes premiers jours alors que CEI ne m'a même pas contacté pour voir si j'avais besoin de quoi que ce soit. Arrivée le vendredi soir, je ne les ai rencontré que le lundi suivant.

Si par contre, ceci t'a convaincue, je peux aussi te mettre en rapport avec des amis sur place pour travailler avec d'autres associations, dans d'autres villes (parfois plus grandes et plus accueillantes). Sumy en soi est une ville grise, dont tu as vite fait le tour. Il n'y a pas grand-chose. Mais les gens rencontrés à la bibliothèque, à l'université, dans les écoles, etc m'ont fait la découvrir sous un meilleur jour. Il n'en reste pas moins qu'il ya des villes plus agréables à vivre en Ukraine.

Bonne chance et bon courage dans tes démarches, j'espère pour toi aussi que tu as une excellente organisation d'envoi pour t'épauler. J'ai eu l'énorme chance d'être partie avec une association Belge (VIEWS) où j'étais déjà bénévole et que je connais bien. Ils m'ont aussi permis de garder la tête hors de l'eau quand j'avais envie de tout abandonner ou que CEi me faisait la vie dure (ils ont essayé de me renvoyer sous de faux prétextes, mais on a pu démonter ça à chaque fois).

Mais que cette expérience ne te dégoûte pas. Tu apprendras aussi beaucoup d'un SVE "raté". Ca dépend de ce que l'on en fait.

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